L'Afrique,
nouvel eldorado ou mirage pour les fonds privés?
AFP
13 Avril 2018
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d'options...
AFP/Archives
/ SIA KAMBOULes laurétas de l'Africa
CEO Forum d'Abidjan en Côte d'Ivoire, le 26 mars 2018
Fort
taux de croissance, émergence d'une classe moyenne et marchés potentiels énormes
avec le boom démographique... L'Afrique est-elle un nouvel eldorado pour les
investisseurs privés, ou bien les risques sont-ils trop
importants?
"L'Afrique
doit et va être le meilleur endroit pour investir à l'avenir", assure le
ministre de l'économie du Ghana, Ken Ofori-Atta, rencontré par l'AFP lors du CEO
Forum d'Abidjan.
Mais
les données économiques sont plus contrastées et certains indicateurs sont
clairement dans le rouge.
La
crise pétrolière ou la chute des cours du cacao ont montré la fragilité de
certaines économies, comme le Nigeria ou la Côte d'Ivoire.
Parallèlement,
après une période de désendettement, on note un endettement public en hausse
tandis que les experts voient un différentiel grandissant entre les besoins en
infrastructures et les réalisations.
Baisse
avant rebond ou symptôme grave? Le total des fonds d'investissements privés en
Afrique (Private Equity) a baissé de 4,3 milliards de dollars en 2015 à 2,3 en
2017.
"D'abord,
+les investissements en Afrique+, cela ne veut pas dire grand-chose", tempère
Laureen Kouassi Olsson, de Amethis Finance. "Il y a plusieurs Afriques! Ce n'est
pas un seul pays!".
"On
a effectivement des croissances qui sont élevées mais encore faut-il pouvoir
faire le pari de la bonne économie, la bonne industrie qui ne sera pas trop
impactée par des changements, par le prix des commodités (matières premières)",
explique-t-elle.
L'émergence
d'une classe moyenne qui "consomme et qui amortit les chocs" constitue un atout
de poids.
"Tout
est une question de stratégie d'investissement dans les secteurs résilients dans
des économies imparfaites", juge-t-elle, assurant qu'on peut promettre des
retours sur investissement concurrentiels avec ceux proposés en Europe ou aux
États-Unis.
Pour
les investisseurs, il faut savoir gérer les risques.
"Les
risques sécuritaires ça se gère avec un surcoût. Le risques politiques c'est
plus délicat. Il y a à la fois les changements des règles en cours de route,
mais aussi la non-application des règles en vigueur", précise Vincent Le Guennou
du fonds ECP.
-
Bons retours sur investissement -
"Le
maître mot, c'est la diversification", pour ne pas subir "les à-coups"
estime-t-il. "On peut attirer des privés qui veulent diversifier leurs options
et investir en Afrique".
Amethis,
ECP ainsi que la plupart des fonds d'investissement, ne mettent de l'argent dans
des entreprises que sous conditions: conseils d'administration clairement
identifiés et comptabilités claires sont la règle de base.
"A
partir de là, on peut gérer les autres risques", résume Mme
Kouassi-Olsson.
"Évidemment,
il y a des risques mais où il n'y en a-t-il pas? Ce n'est pas une question
d'optimisme ou de pessimisme mais de réalisme. Il faut être réaliste quand on
investit", jugent Frederique Ekra et Charles Levy, de Bloomfield
Investment.
"Qui
dit risque élevé, dit retour sur investissement élevé", souligne Richard Arlove
de Abax, société prestataire de services fiduciaires basée à Maurice d'où
opèrent la plupart des fonds.
Mais
il reconnait qu'il faut savoir aussi "toucher le côté émotionnel". "Les
investisseurs ne veulent pas investir à perte mais beaucoup recherchent des
projets de développement durables, des projets qui vont les toucher, qui vont
changer la vie des gens. Il faut donc bien choisir ses projets pour les
attirer", poursuit sa collègue Anjeelee Chinamal.
"Les
levées de fonds pour investir dans des opportunités, ça se fait, mais après il
faut trouver une sortie pour démontrer que le business a été rentable", nuance
Christophe Charlier, du fonds Renaissance Capital.
Problème
récurrent, les projets proposés ne sont souvent pas assez importants pour
intéresser les investisseurs internationaux.
"Venir
investir par exemple au Sénégal dans un projet de 10 millions de dollars, ça ne
les intéresse pas, ce n'est pas assez gros", explique M. Charlier. "C'est plus
facile de lever 50 millions, 70 millions que de lever 5 ou 10. Parce que 5 ou
10, c'est le même boulot, mais par contre le rendement n'est pas
pareil".
"Les
entrepreneurs en Afrique, quand ils trouvent des financements, c'est un tel
miracle", note-t-il. Pour lui, "Il faut que les États et les politiques trouvent
des moyens et créent les conditions pour que les banques investissent" dans les
entreprises, et non dans le circuit financier.